Cher frères et soeurs dans le Christ,
je m’adresse à vous aujourd’hui en reprenant les termes mêmes de saint Paul : Je m’adresse à vous qui êtes les saints de Dieu à Laval !
Et comme vient de nous le dire Saint Jean : Nous sommes enfants de Dieu dès maintenant. Oui, Jésus nous veut semblables à Lui.
Jésus nous veut tous saints comme Lui.
Sérieusement, qu’est-ce que cela signifie ?
Jésus ne veut pas seulement que nous lui ressemblions ou que nous l’imitions, il veut vivre en nous, il veut nous partager les trésors de son âme humaine, qui est intimement liée à sa divinité.
Ce qu’il veut nous partager, c’est ce qu’il exprime dans son auto-portrait moral, son scanner intérieur, que sont les 8 Béatitudes.
Comme il serait trop long de les commenter toutes, permettez-moi ce matin de ne reprendre avec vous que la 1ère béatitude :
Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux. Comment Jésus l’a-t-il vécue ? Et comment devons-nous en vivre ?
Pour Jésus, il s’agit d’abord d’une pauvreté réelle :
sans être réduit à la misère, Jésus a vécu une pauvreté matérielle réelle. Né dans une étable, parce qu’il n’y avait plus de place à l’hôtel, il a été emmené en hâte par ses parents pour être un immigré en Egypte. Il a vécu dans la simplicité de Nazareth, cité mal renommée de Galilée, au point que Nathanaël dira à Pierre qui lui parle de Jésus originaire de Nazareth :
Que peut-il sortir de bon de Nazareth ?
A partir du début de sa vie publique, Jésus vient habiter à Capharnaüm dans la maison de Pierre. Il n’a plus d’adresse personnelle. A un homme qui dit vouloir le suivre partout où il ira, Jésus répond : Le Fils de l’homme n’a même pas une pierre où reposer la tête.
Jésus n’a plus de biens propres. Il met tout son argent dans la bourse commune dont la gestion est confiée à Judas.
Mais la pauvreté matérielle peut parfois cohabiter chez nous avec des attachements à bien des réalités, attachements qui sont excessifs, éxagérés.
Jésus, lui, est vraiment pauvre de coeur. Il est détaché de tout, et même de lui-même, de sa vie et de sa volonté personnelle pour un Autre, son Père.
Il est détaché de tout, car il a donné sa vie pour accomplir la volonté du Père et lui rendre gloire en s’oubliant lui-même, en offrant sa vie.
Lors de l’épisode de la Samaritaine au puits de Jacob, alors que les apôtres lui disent : « Rabbi, viens manger. », Jésus répond : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.” La vraie pauvreté du coeur, c’est l’obéissance totale à Dieu dont la Volonté est toujours juste et bonne.
Avant sa Passion, Jésus prévient ses apôtres par 3 fois de sa mort imminente, et il ajoute : Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ! Et quand il meurt sur la croix, Jésus dit d’abord : Tout est accompli ! Il a été jusqu’au bout de ce que Dieu son Père attendait de Lui.
Alors il conclut : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».C’est le don total de lui-même à l’amour de son Père. Oui, Jésus est bien le premier pauvre en esprit, celui dont toute la vie trouve son sens dans l’obéissance à la volonté d’amour de son Père.
Et nous, quel sens a notre vie ? Pour quoi, pour qui donnons-nous notre vie ?
Recherchons-nous la pensée et la volonté de Dieu dans tous les domaines de notre vie ? Ou bien cherchons-nous seulement à préserver un confort minimal pour vivre peinard jusqu’à notre mort? Tant que nous en restons à gouverner seul notre vie, en demandant éventuellement un petit coup de pouce à Dieu à l’occasion, quand les choses tournent mal, nous ne sommes pas rentrés encore dans l’esprit des Béatitudes.
Mais nous commençons à goûter dès cette terre au bonheur du Christ quand nous lui confions vraiment le volant de notre vie. C’est la mentalité du Notre Père, que nous redisons si souvent : Que ta volonté soit faite ! Pour que cela ne reste pas une parole en l’air, il faut vraiment redemander souvent dans la journée à Dieu :
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Fais-moi connaitre ta volonté ! Que tout ce que j’accomplis soit pout toi, pour te faire plaisir !
Et alors, nous serons déjà rentrés dans le Royaume de Dieu. Dieu se complaira en nous, Dieu sera à l’aise dans notre âme, Dieu pourra prendre son repos, sa complaisance, sa joie à nous partager les grandeurs inouïes de son coeur. Alors nous goûterons à la relation de Jésus à son Père. Alors, nous pourrons dire : Le ciel est déjà commencé !
C’est le lot de tous les saints.