L’amour des ennemis et le pardon des offenses :
Connaitre Jésus pour réagir face au méchant.
Dans notre vie, nous sommes tous confrontés à un moment ou à un autre
à des personnes qui nous sont clairement hostiles, et qui nous veulent vraiment du mal.
Quelle doit être notre réaction ? Comment réagir chrétiennement ?
Il y a plusieurs pistes, commençons par les mauvaises :
1 Réagir au mal par le mal, se venger : j’ai perdu, l’autre m’a fait devenir aussi méchant que lui.
C’est la victoire du mal.
2 Sortir les phrases de l’évangile de leur contexte et appliquer à la lettre : « A qui te frappe sur une joue, présente l’autre ». Combien de fois ne nous a-t-on pas objecté ce fameux passage de l’évangile ? Le chrétien serait un mou qui doit se laisser marcher dessus sans réagir.
En fait, ce serait une complicité avec le mal, ce serait laisser toute la place au mal.
3 La seule solution véritable, c’est de regarder Dieu pour vivre de Lui, c’est imiter le Christ,
c’est vaincre le mal par le bien pour aider le méchant à redevenir bon.
C’est ça, la vengeance de Dieu, qui n’a rien à voir avec la vengeance des hommes.
La seule solution réaliste face au méchant,
c’est la bienveillance radicale pour sa personne, sans aucune compromission avec le mal qu’il accomplit.
Traduction par St Augustin : Nous avons la haine du péché et l’amour du pécheur !
Aimer nos ennemis n’a rien à voir avec des sentiments mièvres.
Il est tout à fait légitime de ressentir de la colère, qui au point de départ, n’est jamais un péché,
mais une réaction de notre âme, une passion,
un moteur spirituel qui nous donne assez d’énergie pour affronter un mal difficile à surmonter.
La colère devient un péché, un vice, lorsqu’elle devient incontrôlée,
lorsqu’elle réagit de façon disproportionnée, excessive. La colère aveugle nous détruit. Jésus ne nous demande pas de trouver nos ennemis sympathiques, ni de nous précipiter pour les embrasser !
Puisque nous avons la haine du péché, nous devons résister au mal.
L’amour véritable de mon ennemi présuppose toujours la justice !
Il y a donc une légitime défense de la personne / à l’agresseur injuste,
une légitime défense de la société par rapport à la personne, c’est le rôle de la police,
et une légitime défense de la société / à une société qui l’agresse injustement : c’est le rôle de l’armée.
Il a fallu des chars et des canons, des blessés et des morts, pour arrêter Hitler et rétablir la justice et la paix.
Le pardon des offenses et l’amour des ennemis sont la signature du christianisme.
Le pardon des offenses est tellement caractéristique de la foi, que le Christ nous a enseigné à prier spécialement sur ce sujet : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».
Car l’amour est indivisible : comme dit saint Jean, nous ne pouvons pas aimer le Dieu que nous ne voyons pas si nous n’aimons pas le frère que nous voyons.
Quelle est la réponse du Seigneur Jésus quand Judas vient le trahir en le désignant aux soldats par un baiser ? « Mon ami, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ?
Et sur la croix, la première phrase que Jésus prononce est pour demander à son Père de pardonner à ses bourreaux : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Clairement, cela n’est pas humain, mais le Seigneur Jésus exige cela de nous
pour que nous ressemblions à Dieu lui-même, et sa grâce est suffisamment forte pour nous y aider.
Pour les hommes seuls, livrés à eux-mêmes, c’est impossible,
mais rien n’est impossible à Dieu, ni aux hommes qui mettent leur foi en Lui.
Le pardon, c’est en quelque sorte la revanche de Dieu sur le mal.
Alors que la vengeance humaine me fait devenir aussi mauvais et méchant que l’agresseur injuste,
le pardon de Dieu transforme le pécheur d’ennemi en ami,
de pauvre pécheur, en homme juste capable de pardonner en vérité à son tour.
La revanche de Dieu, c’est d’écraser le méchant sous sa bonté
pour toucher son cœur et le faire revenir à de meilleurs sentiments.
Imiter Dieu, c’est partager cette grandeur d’âme qui impressionne tant chez le saint roi David : alors qu’il n’est encore qu’un fugitif pourchassé par les troupes d’élite du roi Saül,
les circonstances extraordinaires semblent livrer son ennemi à son pouvoir.
Abishaï son compagnon le pousse à exercer sa vengeance,
mais David va se montrer bouleversant de grandeur morale.
En épargnant son ennemi réduit à l’impuissance,
son refus de la vengeance va toucher le coeur de Saül et provoquer sa conversion.
Je cite la suite du passage :
Saül dit : « J’ai eu tort. Reviens, mon fils David ; je ne te ferai plus de mal, puisqu’en ce jour tu as respecté ma vie. J’ai agi comme un insensé ; j’ai commis une très grande faute » David répondit : « Voici la lance du roi ! qu’un de tes hommes vienne la prendre ! Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. De même que ta vie a été pour moi d’un grand prix, ainsi la mienne sera précieuse aux yeux du Seigneur, si bien qu’il me délivrera de toute détresse ». Saül dit à David : « Sois béni, mon fils David ! Tu réussiras dans toutes tes entreprises ! »
« La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ».
Il y a une loi de proportionnalité entre nos rapports avec Dieu et nos rapports avec le prochain.
Pour être capable de recevoir le pardon que Dieu veut m’accorder,
il faut que je l’expérimente moi-même en l’accordant à ceux qui m’ont fait du mal.
Et la réciproque est aussi vraie : pour pouvoir pardonner en vérité à ceux qui m’ont offensé,
il faut que je me reconnaisse pécheur et que j’éprouve le pardon de Dieu dans le si beau sacrement de la confession.