Depuis 2019, le pape François a voulu que ce 3ème dimanche ordinaire soit consacré à la Parole de Dieu. Il a bien fait. Tous les textes nous montrent que la Parole de Dieu est efficace : elle réalise ce qu’elle signifie. On dit que cette parole est performative.

Le pape a bien eu raison d’insister. En effet, moi comme vous, nous ne nous rendons pas compte habituellement de ce que signifie :
“Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »
Cette Parole ne s’arrête pas de se réaliser depuis qu’elle a été prononcée à la synagogue de Nazareth il y a 2.000 ans. L’aujourd’hui de Dieu dure encore jusqu’à maintenant !
Ce qui est vrai de Jésus il y a 2.000 ans est vrai aussi du Christ total qui est l’Église.
Aujourd’hui encore, la Parole du Christ est vivante dans tous les membres de son Corps qu’est l’Église.
Il est la Tête et nous sommes les membres.
Cela est vrai d’une façon spéciale dans les sacrements, où le Christ en personne agit et réalise ce que les paroles sacramentelles signifient.
Imaginez-vous un peu ce que signifie pour le prêtre de dire chaque jour à la Messe : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang… J’ai bien conscience que le pain et le vin ne deviennent pas mon corps ni mon sang, mais bien le Corps et le Sang du Christ qui parle et réalise à travers moi ce qu’il vient de dire.

Réfléchissons un peu ! Si cela est vrai d’une façon aussi impressionnante dans le cas du prêtre à la Messe, ne croyez pas que cela est hors d’atteinte des fidèles. St Paul vient de nous dire :
vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.
Vous aussi, le Christ vit en vous, au titre de votre sacerdoce commun. Si vous vivez bien uni à Lui, alors il pourra agir et faire un bien divin à travers vos paroles et vos actes.
Cela saute aux yeux dans les miracles opérés par les saints.
Jésus lui-même l’avait annoncé : Celui qui croit en moi fera des oeuvres plus grandes que moi
Jean 14:12-14 : En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers mon Père. Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai afin que la gloire du Père soit révélée dans le Fils.

Oui, Dieu peut opérer des miracles à travers vous, il peut regarder les hommes à travers vos yeux,
il peut les aimer à travers votre regard et votre coeur.
Vous ne percevrez aucun phénomène extraordinaire, mais Dieu touchera les coeurs à travers votre démarche vraie motivée par votre union à la pensée du Christ.

Toute la question est de vivre vraiment de Jésus, en Jésus.
Toute la question est de connaître et d’adhérer pleinement à sa pensée et à sa volonté,
de partager ses sentiments profonds par rapport à son Père et par rapport aux hommes,
de participer à ses joies et à ses peines.

Il est donc temps pour les paroissiens de Ste Thérèse de revivre l’épopée de Néhémie et d’Esdras.
Au retour des 70 ans d’Exil à Babylone, les juifs rebatîssent la ville et le Temple de Jérusalem.
Au cours des travaux, on redécouvre le texte de la Torah, cad de la Loi, des livres alors existants de la Bible. Cette redécouverte est partagée avec tout le peuple lors d’un sabbat.
Et c’est l’émerveillement bouleversant ! Les juifs comprennent alors ce qu’ils ont vécu.
Ils relisent leur histoire à la lumière de la Parole de Dieu. Ils comprennent la pédagogie et la délicatesse de Dieu pour son peuple au milieu des vicissitudes historiques. Ils en pleurent d’émotion et de joie.

Et la réponse du peuple à l’époque doit rester aussi la nôtre aujourd”hui : Amen ! Amen !
Amen est un des rares mots conservés en hébreu dans notre liturgie. Parce qu’il est intraduisible.
On l’a traduit longtemps par “Ainsi soit-il ! Qu’il en soit ainsi !”
Mais cette expression passive ne rend pas compte de l’adhésion très forte et très fidèle qu’elle exprime à l’égard de la parole de Dieu.
Quand la foule entière dit Amen ! l’assemblée manifeste qu’elle s’unit à celui qui prie en son nom.
Votre réponse, vos Amen, sont importants. Ils témoignent de la ferveur de votre foi.
Nous serons de vrais chrétiens si nous adhérons très fortement à ce que Dieu nous dit à la messe,
et cela doit s’entendre à la conviction et à la force de vos Amen !

Cela implique un présupposé en amont : que vous ayez déjà lu et médité personnellement la Parole de Dieu avant sa proclamation solennelle à la messe.
Nous n’avons pas encore assez mis en place le fait de débuter nos réunions entre chrétiens par la proclamation attentivement écoutée d’un bref passage de l’Écriture sainte. Ce sera notre point d’effort durant l’Année sainte.

Bonne écoute de la Parole de Dieu : elle se mettra à vivre et à agir en vous !