Chers frères et sœurs,

Cet évangile, je pense que la plupart d’entre nous le connaît par cœur.

Nous l’avons souvent entendu, à la messe ou au catéchisme,

et nous savons que c’est comme le résumé de toute la morale chrétienne.

Il est donc d’autant plus important que nous en mesurions toute l’importance et la richesse.

 

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit.

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

 

A la question: quel est le grand commandement ?, Jésus répond par le double commandement de l’amour.

 

Première idée : Nous sommes faits pour aimer. Nous avons été créés pour cela.

Dieu nous a pensés et conçus pour aimer, afin de partager sa vie intime.

Notre vie ne prend son sens que par l’amour dont nous la remplissons.

Sans amour, notre vie est vaine.

Beaucoup aujourd’hui sont satisfaits matériellement,

mais terriblement malheureux parce sans amour reçu ni donné.

Comme une turbine de moteur qui est conçue pour tourner dans un sens et pas dans l’autre,

notre cœur et notre âme sont fait pour aimer.

Lorsque je refuse d’aimer, j’abîme mon âme, j’essaie de la faire tourner à contresens,

je déforme ce que Dieu a fait de moi, son image, capable d’aimer comme lui.

 

Qu’est-ce qu’aimer ?

La question peut paraître saugrenue et la réponse évidente,

et pourtant beaucoup confondent l’amour avec le sentiment amoureux,

qui est une de ses composantes, mais pas la plus essentielle.

Aimer, c’est d’abord vouloir profondément le bien et le bonheur de l’autre.

Et cela implique le don de soi-même.

Benoit XVI disait en Allemagne en Septembre 2011:

Comme individus et comme communauté de l’Église, nous vivons la simplicité d’un grand amour

qui, dans le monde, est en même temps la chose la  plus facile et la plus difficile,

parce qu’elle exige rien de plus et rien de moins que le don de soi-même.

Le sentiment amoureux n’est en rien méprisable, mais on peut aimer sans ressentir du sentiment.

 

Il y a un lien intrinsèque entre les deux commandements :

Benoit XVI disait aussi :

Seule la relation profonde avec Dieu rend possible une pleine attention à l’homme,

de même que, sans l’attention au prochain, la relation à Dieu s’appauvrit…..

Sans l’amour de Dieu qui est premier, l’amour échangé avec nos proches ne peut atteindre sa plénitude.

Tout le monde ressent profondément l’appel à aimer.

Mais tous nous expérimentons notre faiblesse à aimer vraiment dans la durée.

 

Le fondement de notre amour du prochain,

c’est d’expérimenter d’abord l’amour de Dieu pour nous qui est premier, gratuit.

Dieu nous aime sans condition de mérite préalable, ce qui est terriblement décapant pour notre orgueil, mais si consolant et rassurant si nous nous laissons d’abord aimer.

 

L’amour de Dieu pour nous appelle une réponse en retour.

Dieu nous a créés et appelés à l’existence pour que nous puissions vraiment lui rendre amour pour amour.

 

Comment aimer Dieu que nous ne voyons pas, qui nous dépasse infiniment ?

En aimant le Christ de façon humaine !

Parce qu’il est à la fois Dieu et homme, vraiment Dieu et vraiment homme,

pleinement Dieu et pleinement homme.

Je me suis rendu compte que beaucoup de chrétiens vivaient en fait comme des musulmans :

ils ont un grand respect de Dieu, ils veulent l’adorer et lui obéir,

mais ils n’osent pas l’aimer vraiment, de tout leur coeur humain, comme il est à ce moment-là.

Puisque le Christ est l’homme parfait, c’est par une amitié humaine avec le Christ,

très simple et très forte à la fois, que nous aimerons concrètement Dieu.

Permettez-moi de dire un gros mot : nous sommes tous appelés à la vie mystique.

Il ne s’agit en aucun cas de rechercher des phénomènes sensibles, miraculeux ou extraordinaires,

mais bel et bien de rechercher l’union avec le Christ pour répondre au maximum à son amour offert.

Cherchons à aimer le Christ, et donc d’abord à le connaître humainement.

En aimant Jésus, nous partagerons pleinement les sentiments de son cœur.

Nous aimerons et nous voudrons les mêmes choses que lui.

Nous partagerons son regard sur les personnes et les évènements.

Nous partagerons la force d’amour de son cœur pour l’immigré, la veuve et l’orphelin.

Notre charité sera active, inventive et efficace, parce que ce sera lui, Jésus, qui aimera en nous.

Concrètement, notre mystique nous poussera à un engagement précis pour la justice et la charité.

Le Livre de l’Exode nous a rappelé deux dimensions concrètes :

Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu n’accableras pas la veuve et l’orphelin.

Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri.

Tu n’imposeras pas d’intérêts usuriers à celui à qui tu prêtes de l’argent. Tu ne le spolieras pas de ce qui est nécessaire à une vie décente. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant.

Aujourd’hui en France, il y a beaucoup de situations gravement injustes qui s’accumulent :

par exemple, les producteurs laitiers sont payés bien en dessous du prix de revient.

Les Grandes surfaces refusent de payer le beurre plus cher et on provoque artificiellement une pénurie !

800 suicides d’agriculteurs par an dans l’indifférence des médias et des politiques aux souffrances de ceux qui nous nourrissent !

Que le Seigneur Jésus nous protège de la colère qui vient,

si nous ne partageons pas sa réaction si forte à l’injustice grave qui oppresse nos frères !