2ème annonce de la Passion, vivre uni à la Passion dans le service des petits

Dimanche dernier,

Saint Marc nous décrivait la Profession de foi de Pierre et la première annonce de la Passion.

Aujourd’hui, il nous décrit la deuxième annonce de la Passion.

Nous aussi, nous avons besoin de nous faire redire plusieurs fois les choses par Jésus

pour bien entrer dans son mystère.

Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache,

car il enseignait ses disciples en leur disant : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes…

Nous mesurons l’importance de la chose pour Jésus : à ce moment, il est prioritaire de former ses disciples en profondeur au sens de la Passion plutôt que de prêcher les foules.

Tous les textes de ce dimanche nous parlent d’un sujet délicat et important qui est l’articulation

– entre, d’une part, notre foi dans le Christ et son mystère pascal de mort et de résurrection,

– et, d’autre part, notre engagement concret dans la charité au service de nos frères.

Avons-nous compris le Christ ? Sommes-nous rentrés dans son mystère de mort et de résurrection ?

Si oui, concrètement, sommes-nous prêts à servir tous nos frères, et spécialement les plus petits ?

Quand on lit l’évangile, cela ne doit pas être si évident :

malgré la première annonce de la Passion que nous avons lue dimanche dernier,

malgré une deuxième annonce de la passion par le Christ lui-même,

« les disciples ne comprenaient pas ces paroles, et ils avaient peur de l’interroger. »

Nous aussi aujourd’hui encore, nous avons souvent du mal à saisir ce que signifie d’être uni à la passion du Christ. Nous avons peur de la souffrance et de l’injustice, et nous ne comprenons pas qu’elles sont inévitables dans le combat contre le mal. Il nous faut une véritable conversion, un changement de cœur et de mentalité pour l’accepter avec amour..

Avec patience et de douceur, Jésus use de pédagogie avec ses apôtres,

– et il en fait de même encore aujourd’hui avec chacun de nous-.

Revenus à leur base apostolique, à la maison de Pierre à Capharnaüm,

Jésus leur pose la question : De quoi discutiez-vous en chemin ?

Ou la même question posée autrement pour chacun de nous :

Quel est ton souci principal ? Quel est l’objet central de tes désirs ? Que recherches-tu vraiment ?

es-tu vraiment disponible pour servir tes frères, ou quel est ton objectif de réussite personnelle ?

Ils se taisaient,car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.

Pendant que Jésus leur annonce sa Passion, ils cherchent à savoir qui sera ministre de l’économie , de l’interieur ou des affaires etrangères dans le gouvernement d’Emmanuel !

Emmanuel, c’est bien le deuxième prénom de Jésus, non ?

Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.

Le plus grand, le premier, c’est Dieu lui-même. Et Dieu s’est fait homme. Il s’est fait le dernier de tous et le serviteur de tous, et aucun de nous ne pourra le dépasser dans cette voie.

Mais il veut que nous vivions comme Lui.

Il s’est déclaré solidaire des pécheurs coupables que nous sommes,

et il a affronté librement la passion pour nous arracher au péché et nous réintroduire dans la vie divine.

Notre ambition pour la vie, c’est de laisser le Christ vivre et aimer en nous, jusqu’au point de donner notre vie au service des plus petits.

Jésus nous demande d’accueillir Dieu présent dans le plus petit en l’aimant et en nous mettant à son service.

Il ne s’agit pas tant de faire quelque chose,

que d’accueillir le Christ en moi, de le laisser vivre en moi : c’est lui qui aimera à travers moi.

Et alors, ma charité deviendra très active, entreprenante et imaginative.

Les saints sont remplis d’initiatives géniales pour le service de leurs frères.

Mais cela, ils l’ont puisé dans la prière :

ils ont demandé au Christ de leur partager les sentiments de son Cœur.

C’est l’occasion d’aborder un point de doctrine sociale de l’Eglise : Le principe de solidarité.

La solidarité est la détermination ferme et persévérante à travailler pour le bien commun,

c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun,

parce que tous, nous sommes vraiment responsables de tous.

La solidarité, c est l’engagement à se dépenser pour le bien du prochain,

en étant prêt, au sens évangélique du terme, à se perdre pour l’autre au lieu de l’exploiter,

et à le servir, au lieu de l’opprimer.

Les structures de péché qui dominent les rapports entre les personnes et les peuples doivent être transformées en structures de solidarité,

à travers l’élaboration ou la modification opportune des lois, des règles du marché ou la création d’institutions.

Mais les meilleures lois et les meilleures structures ne changeront pas par elles-mêmes le coeur de l’homme, elles ne peuvent qu’orienter, faciliter, bien disposer.

Pour changer le coeur de l’homme,

il faut la grâce de Dieu et la docilité de l’homme à l’action de l’Esprit-Saint.

Si vous voulez changer le monde,

il faut connaitre et réfléchir à la doctrine sociale de l’Eglise,

il faut s’engager concrètement,

mais le plus efficace, c’est encore l’évangélisation.

La plus grande des charités, c’est la catéchèse, l’initiation à vivre du Christ.