Chers frères,
avez-vous déjà réfléchi à ce que vous voulez choisir comme destination au terme de
votre passage sur terre : vous préférez le paradis ou l’enfer ? C’est toute la
question de ce dimanche.
Une remarque préalable : Le pauvre a un nom, c’est Lazare. Le mauvais riche n’a
pas de nom : il peut donc être n’importe lequel d’entre nous.
La mise en garde sérieuse que le Seigneur Jésus nous adresse ce matin par l’histoire
du pauvre Lazare et du mauvais riche, nous voulons tous ensemble la prendre au
sérieux.
Et elle n’est pas sans rapport avec notre messe africaine d’aujourd’hui.
La question va bien plus loin que l’usage des richesses et des biens matériels.
Elle touche notre destin après la mort, ce que nous appellons les fins dernières.
Car c'est ici et maintenant que je prépare ma vie éternelle.
3 idées clés: * Jésus nous met en garde contre la réalité de l’enfer,

* L’indifférence aux autres nous sépare de Dieu,
* Il est urgent d’accorder de l’importance aux signes que Dieu nous
donne, en accueillant toute personne rencontrée comme une interpellation du
Seigneur.
1ère idée : Jésus nous met en garde contre la réalité de l’enfer.
Jésus nous dit qu'après leur mort, le riche et le pauvre Lazare sont séparés par un
abîme infranchissable.
Beaucoup s'empressent de dire que l’enfer n'existe pas. Sans se rendre compte que
personne ne peut prouver cette négation. En tout cas, Jésus, lui, nous dit bien qu’il y
a un enfer. Et, personnellement, je préfère croire Jésus.
Pour Jésus, l'enfer n’est que la prolongation d’un mauvais mode de vie sur terre :
rester loin de Dieu en ignorant les autres. C'est donc l'homme qui se condamne lui-
même.
La distance, que le riche a mise entre lui et Dieu, entre lui et les autres, devient
définitive.
La porte qui le séparait de Lazare est devenue un abîme.
Comment peut-il demander une goutte d’eau alors qu’il n’a pas voulu donner une
miette de pain au pauvre qui gisait à sa porte ?
Suis-je convaincu que je suis en train de fabriquer mon ciel ou mon enfer, chaque fois
que je m'ouvre à Dieu et aux autres, ou chaque fois que je m'enferme en moi-même ?
Celui qui n'aime pas ici-bas, se met lui-même hors du coup, pour ce festin de Dieu, où
n'entrent que ceux qui savent aimer.
Nous mourrons comme nous aurons vécu,
et nous vivrons après la mort comme nous aurons vécu auparavant.
Nous préparons donc ici-bas ce qui nous attend dans l'au-delà.
Notre vie sur terre est un entrainement à la vie éternelle.
2ème idée : L’indifférence aux autres nous sépare de Dieu
Dans la parabole, Jésus s’adresse aux juifs en termes bibliques. Au séjour des morts,
il y a des sorts bien différents : le pauvre Lazare connait la consolation dans une très
grande proximité à Abraham, cad à Dieu, – ‘Dans le sein d’Abraham’ signifie ‘au

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paradis’-. Et le mauvais riche souffre la torture d’un feu.
L'évangile ne nous dit pas que, systématiquement, les riches vont en enfer, et les
pauvres vont au paradis; que celui qui est malheureux sur terre sera heureux après sa
mort, et que celui qui est heureux en ce monde sera malheureux dans l'autre.
L’évangile nous dit qu’il y a des attitudes intérieures qui nous séparent de Dieu.
Apparemment, le riche n’a rien fait concrètement de mal.
Il n’a pas frappé Lazare, il ne l’a pas volé.
Mais si le riche ne se retrouve pas au paradis, c'est qu'il y a une raison valable.
Ce n'est pas le fait d'être riche, d'avoir de l'argent qui est un problème ;
c'est de mal s'en servir. Ce qui est reproché au riche, c'est son
indifférence.
St Paul, dans la Lettre aux Romains, dit que la dureté de coeur des païens et leur
indifférence aux souffrances qui les entourent est un péché très grave.
Dans la première lecture, le Prophète Amos, au nom de Dieu, reproche une seule
chose à la bande des vautrés : « ils ne se tourmentent guère du désastre
d’Israël ».
Puisque le riche n’a pas besoin de Lazare, il ne le remarque même pas.
Le péché ? C’est de ne pas voir Lazare qu’il aurait pu rendre heureux avec moins
d’égoïsme.
Il n’a pas utilisé ses biens selon la volonté et le projet de Dieu ; il n’a pas su partager.
Mais avant de partager ses biens matériels,
il n’a même pas fait attention à celui qui souffrait devant sa porte.
3ème idée : Comment prendre au sérieux cette interpellation de Jésus ?
En faisant attention les uns aux autres !
Dans sa lettre pastorale suite à sa visite en janvier, notre évêque nous invite
instamment à développer l’accueil et la fraternité entre nous. Il pointe que notre
paroisse est une paroisse de choix, typée par le brassage des âges, des origines et
des conditions sociales.
Votre paroisse est une paroisse d'élection très mélangée. Je note la présence des
anciens d'origine française, des chrétiens issus de l'immigration (minoritaires sur le
quartier) et de familles ayant choisi de vivre leur foi chrétienne sur la paroisse.
Les religieuses franciscaines sont une présence fraternelle sur le quartier ainsi que les
chrétiens issus de l'immigration.
Je relève deux enjeux pastoraux majeurs en vous invitant à les recevoir comme une
priorité. :
Veiller aux chrétiens isolés. Le patronage de sainte Thérèse, copatronne des missions
doit vous guider pour repérer, visiter et fédérer ces chrétiens présents notamment sur
le quartier Saint-Nicolas.
En relançant cette messe africaine, nous voulons permettre à nos frères et soeurs du
continent voisin de prendre toute leur place dans notre communauté, avec leurs
langues, leurs costumes traditionnels, leurs chants, leurs cultures. Nous avons tous à
donner et à recevoir.
Je voudrais m’adresser tout spécialement à vous frères et soeurs d’origine
africaine :
N’ayez pas peur de prendre votre place, toute votre place, au sein de la

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paroisse.
Quelques uns d’entre vous ont commencé à prendre des responsabilités paroissiales.
Mais chacun doit trouver sa place en apportant son talent, son charisme, à la
construction du Royaume de Dieu au sein de notre famille paroissiale.
Par la magnificence de vos habits traditionnels, vous pouvez aider les chrétiens
gaulois à retrouver le sens du dimanche, à s’endimancher pour venir à la messe :
oui, nous mettons ce que nous avons de plus beau pour venir à la rencontre du
Seigneur. C’est une façon humaine très belle de manifester concrètement notre amour
de Dieu.
Vous pouvez aussi nous aider à retrouver le sens des veillées funéraires. Avec
vos cultures, vous n’hésitez pas à vous retrouver ensemble pour prier pour vos
défunts. Je n’ai connu la même chose en France qu’en Bretagne, de 2002 à 2009.
Invitez donc les mayennais à vos veillées funéraires, et ils sauront reconstituer une
culture populaire des veillées de prières. Nous en aurons une le jeudi 13 novembre au
soir ici à Ste Thérèse, mais cela peut et doit venir aussi des initiatives des familles.
Partagez la vie des chrétiens gaulois en vous mélangeant au sein des fraternités
paroissiales que notre évêque appelle de tous ses voeux.
Elles redémarrent en cette rentrée, mais il n’y en a que 3 pour l’instant.
Il est important que les chrétiens ne restent pas isolés, mais puissent se retrouver
aussi en dehors de la messe, à domicile, en tant que chrétiens, en groupe de 6 à 8
pour partager la prière, la formation chrétienne, un regard de foi sur leur vie, un temps
de charité conviviale.
A la sortie de la messe, allez voir Sophie Le Goff si vous êtes intéressés.
Oui, nous sommes tous faits pour partager la joie de Dieu dans sa vie éternelle,
et nous anticipons cette joie sur terre en célébrant la messe
et dans l’attention concrète quotidienne à nos frères.