La foi, c’est notre choix de Dieu
Nous arrivons au terme du discours du pain de Vie par Jésus à la synagogue de Capharnaüm.
Arrès avoir préparé progressivement son auditoire,
Jésus annonce explicitement qu’il veut nous donner sa chair à manger et son sang à boire
pour nous partager de l’intérieur sa vie humaine et divine.
Ce passage final nous amène, comme les auditeurs de Jésus il y a 2.000 ans, à devoir faire un choix clair :
Croyons-nous aux paroles du Christ, oui ou non ?
Voulons-nous partir, ou rester avec lui comme ses disciples ?
C’est LA question de la foi.
L’affirmation ultime de Jésus aboutit à la rupture avec la plus grande partie des disciples qui l’ont suivi jusque-là : Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ?
Jésus répond : C’est l’esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit, et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas.
Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père.
Comprenons bien : Accueillir l’Eucharistie, c’est déjà un don du Père.
La foi en général, et dans l’Eucharistie en particulier, ne peut pas être le fruit du seul effort humain.
Dieu donne volontiers la foi, mais encore faut-il lui offrir un terrain réceptif.
C’est toute la question de la foi, de la réponse de l’homme, à la Parole de Dieu qui le dépasse.
La chair, c’est à dire la seule raison humaine livrée à elle-même, ne peut accepter cette parole divine.
Il faut l’esprit, c’est à dire la grâce, la participation à la vie de Dieu, pour accueillir cette révélation.
Nos frères chrétiens évangéliques ont quasiment évacué l’Eucharistie de leur vie par un contre-sens complet sur cette phrase de l’esprit opposé à la chair !!!
Pour eux, il suffirait de croire, et il n’y aurait donc aucun besoin de manger la chair du Christ.
Mais en fait, ils rendent vain et absurde tout ce que Jésus a affirmé avec force juste avant !
Il y a chez beaucoup d’entre eux un aveuglement volontaire lié au refus de s’ouvrir à la grandeur de Dieu qui dépasse leur imagination limitée.
La foi ne va pas de soi.
La foi est une mise en demeure: “ Voulez-vous partir, vous aussi ? ” Il faut choisir : oui ou non.
On ne peut pas prendre dans l’évangile que ce qui nous plaît, et dire que le reste est dépassé.
On ne peut pas suivre Jésus en n’acceptant qu’une partie de son message et de ses exigences.
Et la première lecture, tirée du livre de Josué, nous met aussi devant cette alternative :
Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir !
La réponse positive, c’est une foi vivante qui s’appuie sur la confiance en la Parole de Dieu (acte de foi).
C’est toute la question de la façon dont nous nous comportons avec Dieu.
* ou nous considérons Dieu comme un distributeur de pain et de poisson que nous voulons voir soumis à nos désirs : Alors nous voulons plier Dieu à notre idée,
nous voulons, comme les juifs il y a 2000 ans, le faire roi de force,
pour qu’il résolve d’un coup de baguette magique tous nos problèmes :
cad nous voulons un Dieu « humain », conforme à nos désirs limités.
* ou nous acceptons que Dieu soit Dieu, le Tout-Autre, la Sagesse infinie dont les pensées dépassent infiniment nos pensées.
Il s’agit de respecter Dieu : de ne pas lui dicter ce qu’il a à faire : que Ta volonté soit faite et non la mienne ! C’est ce que dit Jésus au jardin des Oliviers, qui rachète ainsi par son obéissance tous les manques de respect à la Divinité.
Il s’agit pour nous, non pas d’obéir sans chercher à comprendre, à la mode fataliste des musulmans,
mais au contraire de nous ouvrir à ce qui nous dépasse,
de vouloir entrer dans le mystère transcendant, pour nous laisser diviniser.
C’est dans la logique de la relation avec Dieu :
il nous faut l’accueillir comme le tout-autre, le transcendant.
Il a le droit d’être Dieu, et donc de nous dépasser !
Mais parce qu’il est Dieu, accueillir sa parole, lui faire confiance, est vraiment sage et raisonnable !
Dieu est digne de foi ! Croire en lui est notre plus grande noblesse, notre véritable grandeur.
Croire n’est pas seulement une adhésion de l’intelligence, mais aussi de la volonté.
Croire est une action profondément, intégralement humaine.
Nous croyons à Jésus, à sa parole, avec tout notre être.
Croire, c’est aussi vivre concrètement cette parole, l’expérimenter, la goûter.
Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !
Je pose un acte avec mon intelligence en reconnaissant la personne toute entière du Christ présente dans l’hostie, en répondant Amen au prêtre qui me donne la communion en m’affirmant qu’il s’agit du Corps du Christ.
Je pose un acte avec ma volonté en désirant l’union complète de ma vie avec la sienne.
Je pose un acte avec mon corps par un geste d’adoration juste avant la communion,
et en le recevant tout entier en moi comme une nourriture.
Je veux m’assimiler à Lui, je veux qu’il demeure en moi.
Croire à cette parole de Dieu sur l’Eucharistie, c’est venir y communier régulièrement,
c’est se nourrir du Christ, c’est chercher vraiment à vivre de Lui.
C’est partager de la façon la plus consciente possible sa pensée et son coeur.
C’est faire nos choix concrets et engager nos actions en lien constant avec Lui.
C’est lui demander son avis pour un Oui ou pour un Non, à tout bout de champ.
L’amitié entre Dieu et l’homme, c’est cela :
Dieu à pris notre humanité pour que nous soyons divinisés par la communion à la personne toute entière de Jésus, vrai Dieu et vrai homme.
Pierre a compris ces paroles de Jésus,
même s’il ne comprend pas encore le mystère de l’Eucharistie ni beaucoup d’autres choses.
Il a compris qu’il ne comprenait pas,
que c’était une vérité d’un autre ordre et qui le dépassait complètement.
Et comme Jésus a gagné sa confiance, il pose un acte de foi :
» Tu as les paroles de la vie éternelle »,
sous-entendu : C’est l’esprit qui fait vivre. Dans la chair, je ne comprends rien !
Il ne peut le dire que sous l’action de L’Esprit-Saint.
Jésus connait un échec au sens humain du terme.
Mais l’annonce de l’Eucharistie, qui provoquait le quasi abandon de Jésus il y a 2000 ans,
attire aujourd’hui chaque dimanche des centaines de millions d’êtres humains dans le monde.
La Sagesse divine est folie pour les hommes,
mais elle se révèle dans toute sa profondeur à ceux qui donnent leur foi à Jésus.
Il n’est donc pas étonnant que 2000 ans plus tard, des hommes refusent de suivre le Christ
et abandonnent eux aussi le Pain de vie, spécialement dans la participation à l’Eucharistie.
Et certains vont même accuser l’Eglise de leur abandon de l’Eucharistie,
comme les Juifs accusaient Jésus de paroles trop intolérables:
Non, je ne vais plus à la messe : Ah! Si l’Eglise n’avait pas changé si vite!… ah! Si l’Eglise changeait plus vite!…
Ah! Si l’Eglise prenait telle position – si possible la mienne – ou au contraire, si elle abandonnait tel discours!
Pour certains, l’Eglise devrait avoir plus d’autorité et faire taire ses adversaires.
Pour d’autres, elle devrait s’adapter à la modernité et tenir un discours qui plaise au public.
Mais dans tous les cas, il y a une illusion:
il ne suffit pas de changer l’emballage pour que tout le monde accepte le cadeau !
En réalité, dans tous ces propos, comme déjà du temps de Jésus,
c’est la foi qui est en cause, et non pas tel rite ou telle habitude sociologique.
C’est bien le don même de Dieu qui est désiré ou rejeté, avec violence ou par indifférence.
Jésus connaissait ceux qui ne croyaient pas en Lui, et celui qui le livrerait :
Cette connaissance est humaine en partie, mais surtout communication de la science divine à la science humaine pour autant que cela est nécessaire à sa mission.
Cela nous éclaire sur les intentions de Jésus : Jésus livre ses trésors les plus profonds à tous, à ceux qui croient comme à ceux qui ne veulent pas croire.
Au Jugement dernier, personne ne pourra faire le reproche à Jésus de ne pas avoir offert sa grâce !
A nous d’accueillir maintenant ses paroles ! Amen