entrer dans la logique du sacrifice et du service.
3ème partie du Discours du Pain de Vie par Jésus à la synagogue de Capharnaüm au lendemain de la multiplication des pains.
Le cœur de cet enseignement : l’affirmation stupéfiante du don de son Corps sous forme de nourriture pour demeurer en nous et nous faire vivre de sa vie.
Affirmation claire : Moi, je suis le pain vivant : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.
Incompréhension des juifs il y a 2000 ans comme pour beaucoup aujourd’hui :
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Si Jésus n’est qu’un homme, alors son affirmation sur la réalité de sa chair présente dans l’Eucharistie est inacceptable.
Pour accepter l’Eucharistie, il faut reconnaître que Jésus est Dieu, qu’il est bien une personne divine de toute éternité, qui est entrée dans le temps en se faisant homme pour se rendre proche de chaque être humain en particulier.
La foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme trouve son sommet et sa vérification dans la foi en la réalité de sa présence dans l’Eucharistie.
* Ex de Max Thurian, pasteur protestant, cofondateur de la communauté de Taizé avec Roger Schutz. Grand théologien dans le monde protestant, converti au catholicisme et ordonné prêtre à Naples quelques années après, justement à cause de l’Eucharistie : « Si ce n’est pas vraiment la chair et le sang du Christ, à quoi bon ? »
* Le 29 juin 2003, à la cathédrale de Blois, j’ai assisté à l’ordination sacerdotale d’un pasteur protestant, Michel VIOT, jusque-là inspecteur ecclésiastique de Paris, c’est à dire ayant rang d’évêque dans l’église protestante : c’est encore le fruit de la même démarche.
Manger ma chair, boire mon sang :
* la chair, en hébreu, désigne la totalité de l’humanité, c’est-à-dire le corps physique et l’âme spirituelle, ce que nous appelons aujourd’hui le corps, le sang et l’âme humaine créée du Christ.
* le sang, en hébreu, désigne la vie : ce qui anime Jésus, c’est sa divinité.
Manger le corps et boire le sang, c’est accueillir et s’unir à la personne vivante du Christ,
à son humanité complète et à sa divinité,
à son corps, à son sang, à son âme et à sa divinité.
Communier, accueillir, s’unir, c’est partager la vie intime humaine et divine du Christ,
c’est ressentir et réagir comme Lui, c’est penser et vouloir comme Lui,
c’est traduire dans toute notre vie humaine la pensée et le vouloir, l’amour et l’action de Dieu le Père.
* La Parole de Dieu seule ne nous suffit pas, même si elle est indispensable.
Nous voulons pouvoir rencontrer Jésus directement,
pouvoir toucher et voir l’ami qui ne déçoit jamais !
Nous retrouvons encore ce que Ste Thérèse de l’Enfant Jésus écrivait dans ses poèmes :
Oui, j’ai besoin d’un cœur, tout brûlant de tendresse, qui reste mon appui, et sans aucun retour,
Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse, Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour. (bis)
Non, je n’ai pu trouver, nulle autre créature, Qui m’aimât à ce point, et sans jamais mourir,
Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature Qui devienne mon frère et qui puisse souffrir. (bis)
Un jour, une âme assoiffée de Dieu m’a dit : « La vie éternelle, le paradis, ça ne m’intéresse pas : c’est tout de suite, c’est maintenant que j’ai besoin de rencontrer la personne qui comblera toute la soif d’amour de mon cœur. » La réponse à ce cri du cœur, c’est l’Eucharistie ! C’est la communion !
La seule incompréhension de cette personne, c’est que sur terre, nous ne voyons que par les yeux de la foi, et le paradis, la vie éternelle, ça sera la vision directe, l’expérimentation parfaite du seul amour qui puisse totalement combler notre âme.
Notre désir d’amour et d’amitié intime avec le Christ ne se satisfait pas de la seule pensée :
il veut la présence concrète qui va jusqu’à demeurer en, demeurer dedans.
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en Moi et Moi je demeure en lui. »
L’amitié avec Dieu, que nous appelons aussi la charité, réclame cette habitation réciproque.
Etre en communion, c’est le vrai cœur à cœur, c’est le partage de la même vision des choses et de la même volonté. « Celui qui me mangera vivra par moi. »
Dans le repas naturel, j’assimile ce que je mange.
Dans la communion, c’est Dieu qui m’assimile à Lui,
qui me divinise, qui me partage de l’intérieur sa pensée et son vouloir.
Communier au corps et au sang du Christ,
c’est renoncer à la folie de mes jugements purement humains, limités, entachés d’égoïsme,
c’est entrer dans la Sagesse de Dieu, c’est entrer dans la logique du Sacrifice de la Croix.
Eucharistie : seul moyen d’affronter vraiment le mal subi ou commis
Ressentir la douleur du Christ face au péché.
M’unir à l’offrande d’amour parfaite du Cœur du Christ qui est seule capable de surmonter ce mal.
Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.
Communier, c’est laisser le Christ présent en moi me pousser à me donner sans réserve,
à me sacrifier en me mettant jour après jour au service de mes frères.
Notre monde a un besoin urgent de ce témoignage de la présence agissante de Jésus dans nos cœurs.
Si nous ne nous mettons pas au service de nos frères,
c’est que notre communion est stérile, elle peut même devenir un contre-témoignage.
En nous approchant du feu de l’amour de Dieu, laissons-nous enflammer !
Ne revêtons pas une combinaison d’amiante en communiant superficiellement,
sans réaliser qui est Celui que nous accueillons et ce qu’Il attend de nous, ce qu’Il veut voir changer dans nos vies.
Comme dit Saint Paul dans la 2ème lecture : « Comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur ! »
et encore : « Laissez-vous remplir de l’Esprit Saint ».
Maintenant que je vous ai parlé du Christ réellement présent dans l’Eucharistie, qu’Il porte à son accomplissement par l’Esprit-Saint tout ce qu’Il désire réaliser en vous au cours de cette messe ! Amen.