Oui, la liturgie de ces derniers dimanches de Carême est plus longue que d’habitude !

La mort et la résurrection de Lazare, l’ami de Jésus, nous font entrer dans le temps de la Passion, ces 15 derniers jours de Carême qui nous séparent de Pâques.

Par ce miracle retentissant, Jésus vient purifier notre foi

pour nous rendre capable de nous unir à sa mort et à sa résurrection.

La clé de compréhension de cet évangile réside dans la phrase suivante :

Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare.

Bien entendu, comme dans chaque évangile,

nous pouvons remplacer ces prénoms par le nôtre et ceux de nos proches.

Jésus n’aime pas l’humanité en général, d’un amour indistinct et confus,

mais il aime chaque homme en particulier, d’un amour unique et personnel.

Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare.

D’un amour divin, mais aussi d’un amour pleinement humain, pleinement pur et chaste.

Contemplons Jésus aimant Marthe, Marie et Lazare pour savoir comment aimer vraiment.

Son comportement avec ses amis intimes d’il y a 2.000 ans doit nous éclairer sur sa pédagogie avec chacune de nos âmes.

Il vient purifier notre foi pour la faire grandir à travers les épreuves jusqu’à la contemplation de la gloire de la Résurrection.

La prière de Marthe et Marie :

elles envoient dire à Jésus : « Seigneur , celui que tu aimes est malade ».

Comme la Vierge Marie à Cana : « Ils n’ont plus de vin ! » , c’est une prière juste et bonne, respectueuse de la liberté de Jésus, qui ne lui dicte pas ce qu’il a à faire.

Cette prière respectueuse est bien le signe d’une véritable amitié,

d’une intimité magnifique avec le Dieu fait homme.

Et pourtant,

Jésus qui aurait pu éviter cette épreuve, ne l’épargne pas, même à ses meilleurs amis.

Il attend volontairement deux jours avant de revenir à Jérusalem.

Nous aussi, qui voulons sincèrement vivre dans l’amitié de Jésus,

il nous arrive d’exposer nos épreuves à Jésus et de ne pas avoir de réponse apparemment.

Mais le Seigneur vient partager cette épreuve au point d’en être lui-même bouleversé.

Jésus n’hésite pas à risquer la mort en revenant si près de Jérusalem ;

bien plus, il provoque par ce miracle retentissant son arrestation et sa propre mort.

Jésus veut mourir avec nous, pour nous donner part à sa résurrection et à sa vie divine..

Si Jésus permet, tolère nos épreuves,

c’est qu’il veut nous associer, dans sa tendresse, au mystère de sa passion.

Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare. Jésus les aime d’un amour à la fois divin et humain.

En lui, sa science divine communique à son humanité que Lazare est mort.

Et Jésus annonce qu’il va revenir pour tirer son ami du sommeil de la mort.

2ème étape de la pédagogie du Seigneur :

A tour de rôle, Marthe et Marie viennent dire à Jésus :

« Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. »

Quelle leçon splendide pour notre prière ! Nous aussi, nous avons le droit d’exprimer ce doux reproche à Jésus, qui est en même temps un acte de foi dans sa toute-puissance.

« Mais je sais que maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. »

Nous avons le droit d’exprimer notre souffrance, notre incompréhension, devant son absence apparente de réaction.

Mais nous devons lui garder toute notre confiance, toute notre foi, toute notre amitié.

Au-delà de l’incompréhension humaine du comportement de Jésus vis-à-vis d’elles et de son frère, Marthe pose un acte de foi, de confiance absolue ! Et cela se fait dans le bon esprit.

Cela n’a rien à voir avec la revendication acide de certains juifs :

Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?

Ce mauvais esprit, c’est à dire Satan, poursuivra Jésus de ces attaques jusque sur la croix :

Si tu es le Messie, sauve-toi toi-même !

Jésus en profite pour purifier notre foi, la faire grandir, nous faire entrer davantage dans son mystère :

Ton frère ressuscitera !

Jésus anticipe, mais il ne parle pas de sa résurrection, mais bien de nôtre résurrection.

C’est bien pour chacun de nous que Jésus va ressusciter à Pâques,

pour que chacun de nous puisse y être associé.

Marthe exprime alors le plus haut degré de foi atteint alors par les juifs dans cette idée de la résurrection : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. »

et Jésus va lui révéler : « Moi qui te parle, je suis la résurrection et la vie. »

La solution à notre problème devant le mal et la mort,

ce n’est pas une intervention magique qui les supprimerait,

c’est Lui, une personne vivante.

C’est l’adhésion à sa personne qui est notre salut. Il est la résurrection et la vie.

Il ne tient qu’à nous d’y adhérer par la foi : Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais : Crois-tu cela ?

Comme avec la samaritaine à qui Jésus offre l’eau vive,

il nous est demandé de croire à une réalité qui dépasse l’ordre matériel, sensible,

mais qui est rendue possible par une adhésion d’amitié intime à la personne vivante du Christ.

Vie et mort du corps, Vie et mort de l’âme

Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;

et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Qu’est-ce que cela signifie ?

Celui qui croit en moi, même s’il meurt physiquement, vivra en son âme de ma vie divine ;

et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais spirituellement :

son âme ne cessera jamais d’être en communion avec moi et de vivre de ma vie,

avant que son corps ne ressuscite et ne soit réuni à son âme pour toujours.

Alors Jésus pleura.

Cela nous fait du bien de savoir que Jésus pleure sur la mort de son ami Lazare

Cela nous fait du bien de savoir que Jésus pleure sur la peine de Marthe et Marie.

Cela nous fait du bien aussi de savoir que Jésus pleure sur sa mort prochaine à venir.

Le Seigneur Jésus, vrai Dieu, est vraiment un homme comme nous, et il nous aime .

Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu :

Avant d’intervenir lui-même, le Seigneur Jésus attend toujours notre accord et notre participation consciente, libre et généreuse. L’acte de foi se fait par définition toujours dans l’obscurité, sans avoir encore vu le résultat de l’œuvre de Dieu. C’est cela qui fait toute la richesse d’amour de l’acte de foi.

La prière de Jésus à haute voix :

Une des rares occasions où Jésus parle à haute voix, et nous laisse entrevoir le fond de son âme :

Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé ! (Mais il n’a encore rien demandé !!!)

Je savais bien moi, que tu m’exauces toujours :

Jésus parle en tant qu’homme : nous aussi, nous sommes fait pour une merveilleuse familiarité avec Dieu le Père puisque nous sommes devenus ses enfants.

Si j’ai parlé, dit Jésus, c’est pour la foule d’il y a deux milles ans comme pour chacun de nous ce matin.

Lazare, viens dehors ! Autorité humaine et divine de Jésus !

Notre vie humaine tout entière est dans la main de Dieu. Toute notre vie appartient au Christ.

Notre force ne vient pas de nous-mêmes, mais de notre attachement au Christ, de notre confiance absolue dans son amour. Avec Jésus, nous pouvons tout affronter.

Déliez-le et laissez-le aller !

Jésus a fait l’essentiel, il a rappelé Lazare à la vie terrestre, mais il laisse le soin à ses disciples et donc à travers eux à chacun de nous, d’achever son œuvre en déliant Lazare de tout ce qui l’entrave encore. C’est le rôle de l’Eglise à travers les sacrements, en particulier le baptême et la confession.

Conclusion :

* Lazare : mort à cause du péché, qui va marcher à la suite de Jésus.

* Grâce à Lazare, de nombreux juifs crurent en Jésus :

notre conversion, la résurrection de notre âme est une collaboration précieuse à l’œuvre de salut du Seigneur Jésus. Elle rejaillit toujours sur les autres.

Pour nos catéchumènes : le début de la prière de ce troisième scrutin :

Dieu notre Père, source de toute vie,

toi qui est glorifié quand l’homme est vivant,

toi qui révèle ta puissance quand les morts ressuscitent,

arrache au pouvoir de la mort ces catéchumènes qui désirent accéder à la vie par le Baptême.

Avec Marthe, Marie, Lazare ressuscité et les croyants de tous les temps, nous voulons redire :

« Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois.

Tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »