Chers frères et sœurs,
Au lendemain de la Toussaint, nous prions pour commémorer tous les fidèles défunts.
Nous prions pour tous nos défunts et pour les défunts du monde entier. Qu’ils soient baptisés ou non, nous les confions tous à la douce miséricorde du Seigneur Jésus. S’il a accepté par amour de son Père de donner sa vie pour tous les hommes sans exception, alors nous n’avons pas peur de les recommander au Seigneur Jésus, quelle que soit leur part d’ombre ou de péché. Dieu est le seul juge qui peut connaitre en vérité les fautes et les mérites de chacun.
Et Jésus nous partage dans son cœur d’homme l’amour de Dieu son Père pour toutes ses créatures. Il veut nous associer à son œuvre de salut.Il a inspiré au peuple juif le désir de prière pour la purification des défunts.
C’est ce qui nous est rapporté dans la 1ere lecture tirée du Livre des Martyrs d’Israël. Dans la bataille que Judas Macchabée, chef des résistants juifs, mène de façon victorieuse face à l’occupant grec persécuteur, il se trouve qu’un petit nombre de juifs succombent, alors que jusque-là, Dieu avait préservé Israël de toute perte. Quand on relève les corps, on découvre sous la tunique de chacun des morts des amulettes consacrées aux idoles sataniques de l’époque.
L’auteur inspiré par l’Esprit Saint commente :Il fut évident pour tous que c’est pour cette raison qu’ils avaient succombé. Tous bénirent donc la conduite du Seigneur, le juge impartial qui rend manifestes les choses cachées.
Mais la foi des juifs de l’époque ne désespère pas de leur salut éternelet manifeste concrètement son désir d’intercession pour leur purification : Puis ils se répandirent en supplications pour demander que le péché commis soit entièrement effacé.Le noble Judas organisa une collecte et envoya deux mille pièces d’argent à Jérusalem afin d’offrir un sacrifice pour le péché. … Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés.
La messe, chaque messe, est l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toute pour réparer et compenser en surabondance d’amour tous les péchés du monde. Dans la joie et la confiance, dans la foi et l’espérance, nous unissons maintenant nos prières à la prière parfaite du Christ en faveur de tous nos défunts.
Nous allons le vivre avec la richesse des sentiments de Marie-Madeleine à la résurrection de son frère Lazare. Cette page de la résurrection de Lazare est un des bijoux de l’évangile de Saint Jean.
Elle est d’abord déterminante pour Jésus. A la suite immédiate de notre passage, Saint Jean l’évangéliste nous dira que c’est justement parce qu’il avait ressuscité Lazare, et que la foule des juifs croyait en Jésus, que les chefs des prêtres décidèrent de mettre à mort, et Jésus, et Lazare. Dans moins de 15 jours, Jésus sera crucifié.
Mais surtout, cet évangile nous fait toucher de façon bouleversante l’amitié tendre et délicate qui liait Jésus dès cette terre avec des hommes et des femmes comme nous.
Saint Jean nous dit explicitement : Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare, les deux sœurs et le frère. Les juifs ne s’y sont pas trompés : en voyant Jésus pleurer, ils se sont dit entre eux: Voyez comme il l’aimait !
Cette sensibilité du cœur de Jésus, elle est vraie aussi en ce moment pour nos défunts, et pour chacun de nous ici présent.
Au jour de notre baptême, le Seigneur Jésus a vraiment fait de nous ses amis. Peut-être que nous n’en vivons pas habituellement, mais du côté de Dieu, il ne revient jamais en arrière :S’il nous appelle ses amis, nous le sommes encore aujourd’hui.
Et comme Marie ou Marthe, les sœurs de Lazare,il n’est pas interdit d’adresser au Seigneur comme un doux reproche:
Seigneur, si tu avais été là, mon parent ne serait pas mort ! Cette demande n’a absolument pas la même teneur que le mauvais esprit des pharisiens qui disaient:
» Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir? »
Nous aussi, dans notre peine, qui est à la mesure de notre amour et de notre attachement à nos défunts, nous n’avons pas peur de l’exprimer, de la présenter intérieurement devant Dieu avec la confiance amicale de Marthe ou de Marie.
Nous vivons cette confiance dans l’obscurité de la foi. Nous savons seulement comme le dit Marthe à Jésus dans le passage qui précède immédiatement celui que nous venons d’entendre :« Je sais que maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. « Nous ne savons pas bien ce que Dieu peut faire pour nos défunt mais nous savons qu’Il ne nous décevra pas, qu’Il saura donner le meilleur à ceux que nous aimons
Et la réaction de Jésus face à Marie a dépassé toutes ses espérances humaines : En ressuscitant Lazare, en anticipant sa propre résurrection, Jésus montre qu’Il est le Seigneur de la Vie, et qu’Il est vainqueur de la mort.
Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. Et la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant de la vision de Dieu. En étant rappelé à la vie terrestre, Lazare a pu contempler à nouveau le visage du Christ.
Et nous aujourd’hui, pour nos défunts, nous espérons qu’il puissent, après les épreuves et les souffrances de cette vie, contempler le visage de Dieu, goûter sa bonté sans limite, partager la vie intime de Dieu.
Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître, nous dit Jésus dans l’évangile, ou encore : Je ne t’appelle plus serviteur, mais je t’appelle ami, car tout ce que le Père m’a révélé, je te le fais connaître.
Notre foi, notre démarche intérieure en ce moment, est vraiment utile à nos chers défunts. Dans la communion des saints, par l’intermédiaire du Coeur du Christ, nous pouvons réellement leur transmettre l’amour qui est dans nos cœurs.