23e Dimanche du Temps Ordinaire 10 Sept 23
Dimanche 10 septembre 2023 Année A
Nous sommes responsables devant Dieu du salut de nos frères
et nous l’exerçons dans la correction fraternelle.
Chers frères et sœurs,
l’appel de Dieu lancé au prophète Ezéchiel est valable pour chacun de nous :
Si Dieu nous a établis dans des relations d’amour au sein de sa famille, l’Eglise,
alors nous sommes responsables les uns des autres,
nous avons à nous intéresser, à nous inquiéter du sort les uns des autres.
Même si nos efforts pour leur bien n’aboutissent pas en raison de leurs choix libres,
nous sommes tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour les conduire à la lumière de la vérité et de l’amour de Dieu.
Dans sa lettre aux Romains, nous venons d’entendre saint Paul nous dire que :
L’accomplissement parfait de la loi de Dieu, c’est la dette de l’amour mutuel.
Nous devons aimer nos frères. Et l’amour du prochain est incompatible avec l’indifférence.
Si nous aimons nos frères, nous aimons en eux la personne toute entière :
nous nous préoccupons du bien de leur âme au moins autant que de leur santé physique.
Nous sommes donc responsables devant Dieu du salut de nos frères.
Dans le Petit Prince, Saint Exupéry fait rappeller par le renard au Petit Prince :
- Tu es responsable de ta rose !
Dans la Genèse, après que Caïn ait tué son frère Abel par jalousie,
Dieu vient, Dieu passe, Dieu n’est pas rebuté par le premier meurtrier de l’histoire.
Dieu pose la question à Caïn : « Où est ton frère ? ».
Et alors, Caïn a cette réponse atroce : « Qui m’a établi gardien de mon frère ? »
Cette phrase est comme le sceau de son péché, peut-être pire encore que son meurtre.
En fait, dans la Bible, Dieu ne cesse de nous rappeler qu’il nous a établis solidaires,
c’est-à-dire responsable les uns des autres, et cela à tout point de vue.
Le 4 octobre 2020, en la fête de Saint François à Assise, notre pape François avait adressé aux chrétiens du monde entier une lettre intitulée Tous frères, Tutti fratelli. L’avons-nous lue ?
L’amour du prochain doit se traduire concrètement aussi, dans certaines situations, par la correction fraternelle. C’est la continuation logique de l’évangile de dimanche dernier où Jésus nous demandait de prendre la croix à sa suite, d’affronter le mal avec lui, en le vainquant par l’amour.
Face à mon prochain qui commet le mal, je dois l’aimer vraiment, jusqu’au bout en l’aidant à se corriger.
Nous avons tous conscience de l’exigence très forte que cela implique.
Pour aider mon frère à surmonter le mal, il faut que je lui montre en quoi ce qu’il fait est mal.
Cela suppose plusieurs choses :
1 que je fasse soigneusement attention dans mes paroles à bien distinguer ma condamnation de ses actes, qui n’est en aucun cas une condamnation de sa personne.
Dieu seul sonde les reins et les cœurs.
Dieu seul voit à découvert la conscience de mon frère et peut le juger.
2 il faut aussi que je sois moi-même indemne de la faute que je dénonce à mon frère,
que je n’aie pas moi-même de compromission avec ce péché.
3 mais surtout, il est indispensable que mon intervention auprès de mon frère
manifeste clairement une véritable charité pour lui.
Celui qui s’est fait corrigé doit repartir en se sentant plus aimé qu’avant !
Notre ton, nos gestes et toute notre attitude doivent refléter clairement
que nous avons agi pour son bien, sans jamais nous départir d’une bienveillance radicale, a priori.
Oui, c’est un exercice délicat et exigeant que la correction fraternelle,
mais le résultat peut être merveilleux :
si j’ai vraiment aidé mon frère à se détourner du péché,
je vais partager dès cette terre quelque chose de la joie de Dieu.
Cette charité pour le prochain couvre la multitude des fautes
et elle assainit radicalement bien des situations au sein d’une famille ou d’une communauté humaine.
Je termine en insistant sur deux conditions qui me paraissent très importantes pour la réussite de cet acte profond de charité :
- la prière préalable pour la disposition des cœurs, le mien et le sien. prière personnelle et communautaire : Si vous vous mettez d’accord pour demander, vous l’obtiendrez de mon Père !
- ce qui entraine la nécessité absolue d’un bon esprit radical de ma part envers mon frère qui a fauté.
Il faut absolument que j’aie ôté toute trace d’amertume ou de malveillance de mon cœur pour que mes paroles et mon intervention, grâce à la communion des saints, ait une chance de toucher son cœur et de produire un bon effet en lui sans qu’il ne se blinde.
Les exemples et les témoignages que j’ai vécu ou entendu m’ont montré à quel point cela était possible et bénéfique. Bon courage pour le mettre en œuvre !
Année A – 22ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année 2023
Le sens de la Croix : le combat de l’amour
Il faut bien le reconnaitre :
au sein du peuple chrétien en France, nous avons perdu en partie le sens de la Croix.
La Parole du Christ ce dimanche vient nous redire des choses fondamentales.
Le noyau de la foi chrétienne, c’est le mystère de Pâques,
avec ses deux faces de passion et de résurrection.
Il ne s’agit pas seulement du sommet de la vie du Christ seul,
mais Dieu veut tous nous associer à ce mystère.
Nous ne pouvons pas rester en retrait, ou observer de loin, de façon neutre.
L’amour du Christ nous pousse à y prendre notre part.
Tout repose sur notre amour du Christ, sur la réalité de notre amitié avec Lui.
Face au monde profondément blessé par le mal du péché,
Dieu est venu prendre le problème à bras-le-corps en se faisant un homme comme nous,
et en affrontant le mal de plein fouet.
Être chrétien, c’est ne pas se détourner de cette question fondamentale du scandale du mal :
face au mal, il faut réagir ! Puisque le mal doit être détruit,
il faut que quelqu’un vainque le mal par un surcroît de bien et d’amour.
Seul le feu de l’amour peut détruire le mal au point que même le souvenir du mal commis ou subi devienne un motif d’action de grâce pour le pardon reçu ou accordé.
Cela, le Christ l’a réalisé une fois pour toutes en brûlant tous les péchés du monde
dans le brasier d’amour de son cœur crucifié.
Mais il nous demande clairement ce dimanche de prendre notre part
pour affronter le mal et l’engloutir dans l’amour. C’est cela, porter notre croix !
Il ne s’agit pas seulement de porter avec patience les épreuves quotidiennes,
mais de porter avec foi et responsabilité cette part de fatigue et de souffrance inévitable que comporte la lutte contre le Mal.
Il ne s’agit en aucun cas de vouloir détruire ceux qui font du mal,
mais d’être prêt même à supporter un mal injuste
sans jamais nous départir d’une volonté radicalement bienveillante
pour les personnes qui commettent le mal.
Tant de monde est prêt a priori à s’engager dans le bien,
mais très peu persévèrent dès qu’il faut en payer le prix de la croix.
Oui, le bon esprit finit toujours par vaincre le mauvais, mais cela a un coût !
Vous pourriez me faire l’objection que Jésus sur la Croix a déjà tout payé !
C’est vrai, mais il est vrai aussi qu’Il ne nous prend pas pour des gamins,
il nous prend au sérieux, il nous fait le très grand honneur de nous établir comme ses frères,
appelés à collaborer chacun à notre place à sa victoire totale sur le mal
pour accomplir ainsi la volonté du Père.
Le Seigneur Jésus est le seul Rédempteur, le seul Sauveur infini,
et il nous demande d’accepter d’être avec Lui des co-rédempteurs finis.
Jésus se cherche inlassablement des amis qui le comprennent,
qui partagent ses joies et ses peines.
Serons nous ses vrais amis qui ne L’abandonnent pas dans les épreuves ?
Cette année pastorale qui commence,
nous vivrons avec Jésus ses joies et ses peines ici à Ste Thérèse.
Sous les apparences ordinaires de la vie courante, Jésus nous associera à ses épreuves,
mais aussi à ses joies immenses devant les progrès de tant de nos frères et soeurs
que nous aiderons à surmonter le mal par l’amour.
Nous pourrons compter sur la présence réelle et l’aide tangible de Jésus.
Jésus mettra son amour en nous !
En toute chose, nous serons motivés par l’amour : c’est ce qu’a vécu le prophète Jérémie.
Seigneur, Tu m’as séduit, et j’ai été séduit. Tu m’as saisi et Tu as réussi.
Même si la volonté de Dieu lui coûte, il persévère et ne peut s’empêcher
d’annoncer la parole très difficile à entendre pour ses concitoyens,
que le Seigneur lui a demandé de proclamer.
C’est comme un feu en lui ! C’est le feu de l’amour !
Dieu veut toucher notre cœur,
et lorsqu’il l’a fait, plus rien ne peut nous empêcher d’accomplir sa volonté.
St Paul vient de nous dire : Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.
Avec saint Paul, en ce début d’année,
je vous invite à rechercher vraiment ce que Jésus vous invite à vivre avec Lui,
parce qu’Il l’a choisi pour vous avec tendresse !